La lenteur de la CVR entrave la réconciliation rapide au Burundi
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La lenteur de la CVR entrave la réconciliation rapide au Burundi

Par Raïssa Irabaruta

Les victimes des violations commises pendant les différentes crises cycliques qu’à connu le Burundi se lamentent que la Commission Vérité et Réconciliation (CVR) est lente dans sa mission de réconcilier les burundais.
Plusieurs intervenants dans les différentes séances de débats organisées par la CVR sur la réconciliation réclament également une réconciliation rapide pour profiter de la survivance des personnes témoins.

Pour l’ancien president Sylvestre Ntibantunganya, il faut que la justice transitionnelle soit d’abord mise en place dans les plus brefs délais. Il explique que lorsqu’une telle commission travaille une longue durée, il lui est difficile de connaitre la vérité. Il demande au gouvernement de stabiliser la commission et d’éviter le remplacement en cascade de ses membres pour qu’elle reste sur les objectifs fixés.

La recherche de la vérité et la réconciliation des burundais doivent être cohérentes, et cela devrait être coordonné par les institutions publiques, dit Ntibantunganya. Il a par ailleurs suggéré que les membres du gouvernement ainsi que les élus du peuple soient présents dans de telles activités.

Pierre Claver Ndayicariye lors de la séance organisée par la commission CVR

De son côté, la CVR rejette cette accusation soulignant par contre que le pas qu’elle a déjà franchi est satisfaisant. Lors d’une conférence débat sur les conditions de travail dans le processus de réconciliation, animée par ladite commission à l’endroit des représentant des institutions du Burundi vendredi dernier, Pierre Claver Ndayicariye président de la commission s’est défendu.
Pour lui, la réconciliation est une nécessité nationale urgente, mais qui a des condition alités.

Selon Ndayicariye: « Oui, la CVR doit aller vite. Mais aider la CVR à aller vite, lui doter des moyens humains, matériels et financiers, parce que la méthodologie d’enquête aujourd’hui, la CVR peut dire qu’elle la maîtrise ».


Il explique que le travail de la commission s’étend sur plusieurs années (1988-2008) où plusieurs crimes ont été commis, d’où il faut y aller doucement et prudemment.

Aller vite pour lui n’a pas de signification. Il souligne qu’il faut lancer de bonnes enquêtes, des bonnes auditions, en donnant la parole à la population pour reconnaitre le maximum de vérité que les burundais ont soif.

Elie Nahimana un commissaire membre de la CVR abonde dans le même sens. Il indique que l’une des conditions de travail de la commission est la connaissance de la vérité qui est primordiale. C’est cette vérité selon lui qui soulage les victimes et les encouragent à participer au processus de réconciliation, libère les victimes, combat la globalisation et évite les préjugés, aide à déterminer les crimes commis et leur qualification.

Les violances cycliques qui ont secoué le pays ont eu des répercussions sur la santé mentale des survivants.
Le rapport d’enquête du programme d’intégration de la santé mentale réalisé en 2009 dans les provinces de Gitega, Ngozi, Rumonge et la Mairie de Bujumbura le prouve.
Parmi les personnes interrogées, 33% ont vécu des traumatismes liés aux violences cycliques qu’a traversé le pays, tandis que 72% ont vécu des événements traumatismes au cours de leur vie.

A travers des témoignages par vidéos, des veuves qui ont perdu leurs maris témoignent être violées. Les autres affirment avoir été abandonnées par leurs familles pendant ces moments douloureux, car elles n’étaient pas de même ethnie avec leur maris.

Pour toutes ces raisons, les victimes de ces crises plaident pour la réparation individuelle. Elles demandent la réparation de leurs propriétés et d’être accompagnés psychologiquement afin de guerir les esprits.
Ndayicariye indique que lorsqu’il y’a eu de tels crimes de sang, le processus de guérison demande l’implication des auteurs mais aussi la part des victimes dans le but de rechercher la vérité.
Ce qui demande pour lui la préparation des gens à travers des enseignements, et au delà de celà, un accompagnement psychologique mené par des personnes expérimentées pour accoucher la vérité qui prendra beaucoup de temps, insiste le président de la CVR.

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