
Des réfugiés congolais refusent d’être transférés dans des camps de l’intérieur du Burundi
Par Jean Claude Kantore
Depuis plusieurs semaines, la province de Cibitoke située au nord-ouest du Burundi, frontalière avec la République Démocratique du Congo fait face à un afflux massif des réfugiés congolais fuyant les combats qui font rage chez eux.
Plus de 40 000 d’entre eux ont refusé de quitter Rugombo, la commune partageant la frontière avec le Congo pour être délocalisés dans les camps de réfugiés situés à l’intérieur du pays.
Malgré les conditions de vie précaires à Rugombo, ils souhaitent rester à proximité de la frontière afin de pouvoir retourner rapidement dans leur pays d’origine lorsque la situation sécuritaire sera rétablie selon leur dire.
Des conditions de vie de ces réfugiés sont extrêmement difficiles à Cibitoke.
L’eau potable est insuffisante, les infrastructures sanitaires sont quasi inexistantes, et l’accès à la nourriture reste un défi majeur. Beaucoup dorment à même le sol, sans protection contre les intempéries, exposés aux maladies et aux dangers de la promiscuité.
« Nous vivons dans des conditions inhumaines », témoigne un réfugié. « Nos enfants tombent malades faute d’eau potable, et nous avons du mal à trouver de quoi manger. Nous sommes venus ici pour nous protéger, mais nous souffrons énormément, ajoute t’il. »
Malgré ces difficultés de vivre, et le refus d’être transférés ailleurs, l’Office National de Protection des Réfugiés et Apatrides (ONAPRA) au Burundi est catégorique.
Cette office nationale pour la gestion des réfugiés indique qu’à part les personnes âgées et les enfants qu’elle a déjà apporté une assistante, personne d’autre ne pourra bénéficier d’une aide étant dans cet endroit.
Elle dit que les autres réfugiés ne pourront bénéficier de cette assistance qu’une fois arrivés dans les camps prévus à cet effet.
Etant donné que la guerre qui les a obligé de quitter leur domicile n’est qu’à quelques kilomètres de Rugombo, ce vouloir de s’installer à proximité de la frontière avec la RDC pose un problème aux autorités burundaises.
Elles craignent à des éventuelles incursions des combattants armés, à des représailles ou à des attaques de groupes armés en provenance de l’autre côté de la frontière.
« Nous comprenons leur inquiétude et leur souhait de rentrer chez eux dès que possible », explique un responsable de l’ONAPRA. Mais en restant ici, ils sont exposés à des conditions de vie déplorables et à un risque sécuritaire majeur, alors que des camps ont été mis en place pour les accueillir dans de meilleures conditions. »
Cette décision de ONAPRA a suscité de nombreuses frustrations parmi ceux qui refusent d’être déplacés.
Quoi que cela ne tienne, les massacres des réfugiés Banyamulenge à Gatumba en 2004 reste l’un des épisodes les plus tragiques pour les réfugiés congolais installés au Burundi.
Plus de 150 d’entre eux dont des femmes et des enfants ont été sauvagement massacrés, un drame qui avait été vite revendiqué par le mouvement rebelle burundais de FNL.
De son côté, un expert en sécurité régionale a averti: « Un tel scénario pourrait se répéter si ces réfugiés restent à Rugombo. Leur présence en si grand nombre, tout près d’une zone de guerre représente un danger non seulement pour eux-mêmes, mais aussi pour la stabilité locale ».
Actuellement, environ 2 000 réfugiés ont accepté d’être délocalisés loin de la frontière, donc vers les camps qui leurs sont destinés, tandis que d’autres appellent à la médiation pour trouver un compromis plus satisfaisant à leur requête .