La méconnaissance du patrimoine touristique handicape le mouvement du tourisme intérieur au Burundi
Par Raïssa Irabaruta
Le Burundi présente des lieux touristiques très emblématiques qui pourraient attirer les touristes et générer des devises comme dans d’autres pays.
Malheureusement, à par que ces lieux sont mal entretenus, difficiles d’y accéder, ils sont moins connus par pas mal de nationaux, un défi pour le tourisme intérieur, a déploré Jacques Bigirimana le Directeur général du tourisme.
Lors d’une conférence de presse organisée en novembre dernier par l’agence du tourisme « Visit Burundi » en partenariat avec les différentes parties prenantes du domaine touristique au Burundi, ce cadre de l’Etat a dénoncé cette ignorance des burundais. Il la qualifie d’un handicap au développement du tourisme intérieur, avant qu’il n’annonce la semaine du tourisme ayant commencé avant hier 11 décembre pour prendre fin le 14, sous le thème « Le développement du tourisme intérieur au Burundi ».
Selon Bigirimana, cette semaine dédiée au tourisme s’inscrit dans le cadre d’inviter les Burundais à aimer leur pays et à le visiter, ce qui pouvait entrainer du coup le monde à le redécouvrir.
Il sera également selon lui, une occasion de rappeler aux investisseurs que la majorité des sites touristiques sont à l’intérieur du pays, et que ces derniers sont à l’état nature. Le fait qu’ils ne sont pas aménagés est une opportunité à saisir», a-t-il ajouté.
Pour Jacques Bigirimana, « Un entrepreneur qui reste à Bujumbura tous les Weekends perd son temps au même titre que payer des vacances ailleurs».
Face à cette situation déplorable, il lance un appel vibrant aux burundais à aimer les produits touristiques locaux, et porte à la connaissance du public que les textes en cours d’élaboration prévoient que depuis le début de l’année 2025, les investisseurs privés occuperont soixante pourcent (60%).
Valorisation du secteur du Tourisme
Différents acteurs du domaine ont eu l’occasion de commenter sur l’état des lieux du tourisme au Burundi. Girukishaka Victor, un des opérateurs dans l’hôtellerie, trouve qu’il est important de redynamiser de ce secteur.
Pour lui, les Burundais devraient s’habituer à faire des voyages, en quittant par exemple leurs provinces dans lesquelles ils habitent pour aller visiter d’autres provinces. “C’est incompréhensible de sensibiliser les étranges à venir voir le Burundi alors que les burundais eux même ne le connaissent pas”. Quant à Perpétue Miganda, cette semaine est une opportunité pour les enseignants de trouve la matière à dispenser aux apprenants.
Malgré la variété du patrimoine touristique tels que les paysages magnifiques, un effectif de plus de 200 sites touristiques, dont 123 déjà reconnus, ses principales attractions parmi lesquelles, le lac Tanganyika, deuxième lac le plus profond du monde, une richesse de danses culturelles, dont le célèbre tambour qui inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO en 2014 {…}, le Burundi enregistre un faible revenu touristique comparativement aux autres pays de la sous région.
Selon le rapport intitulé Enhanced Interated Framework, en 2019, le tourisme burundais a contribué au PIB à hauteur de 3,5% seulement. Le même rapport indique que ce secteur reste largement sous-développé malgré ses paysages naturels généreux et la richesse de sa faune et de sa flore.
Par rapport au pays de la sous région par exemple le Kanya où le tourisme est très développé est une destination touristique majeure du continent grâce à sa faune. Selon le Figaro, le tourisme constitue le moteur de l’économie kenyane qui a vu les revenus de ce secteur bondis de 31,5% l’année dernière.
Toujours dans la même perspective d’améliorer ce secteur, Herman Hatungimana directeur en charge de l’hôtellerie, cité par la Radio Télévision Nationale constate que la loi sur le tourisme est lacunaire, et empêche elle aussi l’attractive de ce secteur.
Il demande l’amélioration des textes réglementaires y afférant pour qu’ils contribuent à attirer les touristes. Il a également demandé l’amélioration des sites touristiques qu’on croit beaux alors qu’ils manquent le nécessaire, à savoir les routes, l’électricité…
Le conseiller du gouverneur de Kirundo, une des provinces qui a fait l’objectif de visite dans le cadre de découvrir les sites touristiques, a affirmé que les difficultés liées au manque des routes, les lieux touristiques non aménagés ainsi que les guides touristiques non expérimentés, sont des défis.
La province de kirundo compte divers lieux touristiques comme le lac Cohoha, le lac Rwihinda appelé « lac aux oiseaux « vu différents oiseaux migrateurs, y compris c’eux d’Europe qui viennent s’y reposer.
Elimination des barrières
Pour barrer la route à tous ces défis, le ministère ayant dans ces attributions le tourisme et plusieurs associations sans but lucratif s’efforcent pour mettre le tourisme à la place qu’il faut.
Le jeune entrepreneur Delphin Kaze, Co-fondateur de la Fondation Kibira, voit en Burundi, une potentialité touristique grâce à sa situation géographique entre l’Afrique anglophone et francophone, tous les deux, régions du COMESA. Ce jeune a initié des programmes transformateurs, de conservation et de développement communautaire autour du Parc nationale de la Kibira, une source écologique et culturelle clé au Burundi.
Il a souligné que les tendances du marché éco-tourisme montrent qu’en 2030, ce marché malgré qu’il est presque inexploité au Burundi pourrait générer un montant d’au moins 300 million de dollars.
Il a par contre déploré quelques difficultés qui constituent une concurrence forte aux investisseurs dans ce domaine, notamment le droit d’entrée, le droit de démarrer les activités touristiques ainsi que l’acquisition des terrains.
Il a pour cela fait appel, à la volonté du gouvernement de faire le Burundi, une zone de destination touristique. Saluant le pas déjà franchi comme la suppression de visa d’entrée pour tous les ressortissants du COMESA, il précise que la réduction du coût de transport et l’amélioration des nouveaux outils d’information et de communication(TIC) par le dispositif d’une connexion internet à haut débit facilitant les touristes, sont d’autres réformes que le gouvernement s’est engagé de mener prochainement.
Le lac Tanganyika est une autre potentialité à court terme pour les investisseurs.
Eduard Bamako, de la chambre fédérale du commerce et des industries au Burundi justifie combien, investir sur le littoral et dans les eaux de ce dernier est si important au regard de ses diverses caractéristiques.
D’abord, Il est le plus long et plus profond d’Afrique, ensuite englobe 20 pourcent d’eau douce du monde et compte 200 espèces de poissons dont certains sont uniques du monde.
Pour promouvoir le tourisme intérieur, la ministre du commerce et du tourisme, Marie Chantal Nijimbere indique que le gouvernement compte sur la transition à la mobilité électrique, un projet prévu dans la loi budgétaire de 2024 en cours d’exécution.