La libération de 5442 détenus, un message fort à la justice burundaise selon une ONG locale
Par Dieudonné Ndanezerewe
Après deux jours de la bonne nouvelle du chef de l’Etat burundais Evariste Ndayishimiye selon laquelle, 5442 détenus seront libérés, le coordinateur national de l’Association de Lutte contre le Chômage et la Torture « ALUCHOTO » en sigle Vianney Ndayisaba dit qu’il a accueilli avec satisfaction cette mesure.
Le vendredi, 15 novembre 2024, était pour Ndayisaba une occasion de lui adresser ses vifs remerciements pour ce geste louable d’un bon leader soucié de son peuple.
Entouré depuis la prison de Muramvya située au centre du pays par de nombreux ministres et quelques hautes personnalités du gouvernement, le numéro un burundais a ordonné la libération de 5442 détenus, tous accusés de crimes mineurs.
Ce chiffre représente selon des sources pénitentielles 41% de la population carcérale de tout le pays qui s’élève actuellement à 13211 prisonniers.
Le président Ndayishimiye a de plus ordonné aux autorités judiciaires de mettre en application cette mesure dans un délai ne dépassant pas deux semaines.
Pour Vianney Ndayisaba, ce geste du chef de l’Etat est un message fort adressé encore une fois de plus à l’appareil judiciaire.
Selon lui, relâché des prisonniers, incarcérés pour des accusations mineures, et d’autres ayant purgés leurs peines, mais, encore en prison sans aucun autre motif valable ne devrait pas déplacer un chef d’Etat pour intervenir lui même, alors qu’il y a un personnel chargé d’en exécuter, et qui est payé pour ça, l’argent du contribuable.
Ndayisaba dénonce de multiples effets néfastes dus au disfonctionnement de la justice burundaise sur la vie des citoyens.
Il encourage à cet effet le chef de l’Etat pour cette décision salutaire qui redore selon Ndayisaba l’image du Burundi auprès de la communauté nationale internationale.
En effet, cet activiste des droits humains indique que c’est particulièrement en matière pénale où le phénomène de lenteur judiciaire est le plus ressenti quand il s’agit des personnes en privation de liberté.
Il demande que tout détenu se trouvant sur cette liste des 5442, remplissant les critères de libération prises en compte soit libéré sans aucune entrave.
Des appels de la part d’ALUCHOTO sont adressés à la Commission Indépendante des Droits de l’Homme CNIDH et le Ministère en charge des droits de l’homme et de la personne humaine à suivre de prêt ce dossier pour que la libération de tous les ayants droits soit effective.
Il plaide également pour la libération des détenus politique et les deux journalistes Sandra Muhoza et Kanney Claude Nduwimana pour qu’ils aillent contribuer dans le développement du pays, « Ils sont eux aussi les enfants du pays », a renchéri Ndayisaba.
Evariste Ndayishimiye en prison de Muramvya le jour de l’annonce de la libération des détenus
Il y a quelques, mois le chef de l’Etat a dénoncé la défaillance d’une ampleur inquiétante de la justice burundaise en l’accusant soit d’être corrompue, soit le mal fonctionnement ou son inertie face aux dossiers relatifs aux propriétés foncières, menaçant d’ailleurs de prendre lui-même en mains certains dossiers, et le voilà, il vient de tenir sa promesse.
Vianney Ndayisaba interpelle les autorités, particulièrement celles en charge de ce secteur sur l’urgence de se ressaisir pour relever les défis qui font que la justice burundaise soit indéfiniment tenue en tenaille.
Rappelons en tout fait utile que le président Evariste Ndayishimiye avait dès le jour de son investiture tenu une promesse d’assainir le système judiciaire burundais « gangrené par la corruption », selon ses propres termes.